Oui, le DPE est désormais bien mieux connu et identifié des Français. On s’en doute, à force d’en parler… Selon le baromètre Habitat 2024 de l’Observatoire Cetelem, deux tiers des Français déclarent connaître le DPE. Mais le connaissent-ils vraiment ? En fait, beaucoup ont tendance à surestimer (un peu ? beaucoup ?) la classe énergétique de leur bien.
N’importe quel diagnostiqueur immobilier peut en témoigner. La majorité des propriétaires n’a pas conscience d’habiter ou de louer une passoire énergétique. Et lorsque l’opérateur leur apprend que leur maison ou leur appartement est classé F ou G, c’est souvent la surprise pour ne pas dire la douche froide.
C’est un paradoxe. Le diagnostic largement médiatisé au cours des trois dernières années est désormais bien identifié. Les Français savent à quoi correspond l’étiquette énergétique, ils savent que le DPE est obligatoire, et même s’il reste perçu comme une contrainte, ils ont tendance à le trouver plutôt utile, ce diagnostic. Selon une enquête menée par l’Anil début 2024, 55% des Français le jugeaient à la fois comme « une information utile », et un « outil pour réduire (ses) dépenses énergétiques ».
Moins d’un logement sur 3 avec un DPE
Le récent baromètre Habitat 2024 de l’Observatoire Cetelem confirme la tendance. 67% des propriétaires Français déclarent connaître le DPE. On progresse, on progresse. Mais quand on creuse un peu, on voit vite que cette connaissance reste superficielle puisque parmi ces mêmes propriétaires, 25% évoquent une lettre A ou B pour leur DPE. Ça ne colle pas avec la réalité : si on se fie à l’Observatoire du DPE géré par l’Ademe, les étiquettes A et B ne représentent que 4% du parc. Comme pour la valeur vénale, les propriétaires ont une fâcheuse tendance à surestimer la performance énergétique de leur bien.
Ce n’est pas la première étude du genre à illustrer ce surclassement. Une enquête réalisée par Monexpert-renovation-energie.fr en 2022 montrait que seuls 3% des répondants avaient le sentiment d’habiter un logement en F ou G : là aussi, la réalité est bien différente puisque les passoires énergétiques représentent environ 14% du parc de logements en France.
Si le DPE s’est très largement démocratisé, les propriétaires ou locataires ne connaissent pas toujours celui de leur logement. Une explication rationnelle tient au nombre de DPE réalisés : un peu plus de dix millions depuis la réforme de 2021. C’est déjà pas mal, mais cela reste très insuffisant encore dans un parc qui compte plus de 37 millions de logements dont 31 millions de résidences principales.